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effreyan

 
Histoires qui font peur !!! : 
(je vous previens si vous etes sensible alors quittez cette rubrik pour ne pa faire de nuits blanches !!! ) 
 
Un soir, des parents décident de sortir. Ils laissent leurs deux filles de 12 et 16 ans seules. Comme elles s'ennuient, elles décident de regarder la télé où passent les informations. 
Elles apprennent alors qu'une folle très dangereuse, culs-de-jatte, et se déplaçant en fauteuil roulant, s'est échappé de l'asile tout proche.  
La présentatrice prévient qu'elle est extrêmement dangereuse et qu'il faut absolument que les habitants doivent prendre de nombreuses précautions. 
Elles décident immédiatement de fermer toutes les issus (fenêtres, portes, ...). 
Elles sont alors rassurées et vont se coucher, chacune de leur chambre.  
Un quart d'heure après, la petite sœur vient réveiller la grande en lui disant qu'elle a trop peur, qu'elle ne peut pas dormir.  
La grande sœur accepte qu'elle vienne dans le lit avec elle et se rendort.  
Encore un quart d'heure plus tard, la petite sœur réveille la grande et lui dit : « Je vais sous le lit, comme ça si la folle arrive, elle pourra pas m'attraper ! ». La grande sœur n'y prête pas attention et se rendort. 
Elle va dormir toute la nuit, mais son sommeil sera troublé par des bruits réguliers, suivi comme d'un frottement.  
Le lendemain matin, quand elle se réveille, elle descend directement pour voir ses parents. Elle trouve son père dans la cuisine, en train de lire le journal.  
Comme il ne répond pas, elle s'approche et lui enlève le journal des mains. Elle le trouve alors décapité, la tête tous le bras ! Elle court dans la salle de bain et trouve sa mère dans la baignoire, remplit de son propre sang. Elle pense soudain a sa petite sœur et retourne dans sa chambre.  
Elle la retrouve éventrée sous son lit. En descendant au salon, elle trouve un fauteuil roulant, qui avait été jeté pour briser la vitre.  
Les bruits qu'elle avait entendu était la folle qui, avec un couteau dans chaque main, avançait en les plantant dans le sol et se tirait, d'où le frottement du bas de son corps sur le sol... 
 
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C'est l'histoire d'un homme très riche qui peut s'acheter tout ce qu'il désire. Il vit avec sa petite fille dans une immense maison à 5 étages. Un jour, dans une étrange boutique, au fond d'une rue sombre, il trouve une poupée d'une incroyable beauté. Au début, le vieux vendeur refuse de lui vendre. Mais face à l'insistance de l'homme (et à son argent), le vendeur finit par accepter en faisant cette recommandation : Toujours s'occuper d'elle." 
La fillette est très heureuse de recevoir un si beau cadeau. Elle joue avec sa poupée partout, tout le temps. Elle la coiffe, elle la dorlote, elle lui fait des confidences... un jour, en allant au lit, la fillette a failli oublier la poupée devant la télé. Elle s'en rend compte et redescend la chercher... Cela dure des semaines... puis fatalement la fillette commence à moins s'intéresser à ce nouveau jouet... et l'oublie un jour dans le jardin.  
Là-haut, dans sa chambre, elle entend une comptine, avec une voix de petite fille inquiétante : "Je suis dans la cuisine, ma-man." (doit être chanté d'une façon inquiétante, le "ma-man" doit être en deux syllabes bien détachées). Je suis dans l'escalier, ma-man. Je suis au premier étage, ma-man... 2ème, 3, 4, 5... Je suis dans le couloir, ma-man... devant la porte de ta chambre... sous le lit... dans les couvertures... Je suis là ! (Cette dernière phrase doit être criée). 
 
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Stéphanie ferma la porte d’entrée et remit ses clefs dans sa poche. Elle se retourna et observa quelques instants le couloir vide devant elle : Ils n’étaient pas rentrés. Ses parents avaient voulu passer le samedi soir « entre eux » à l’extérieur, et l’avaient prévenu qu’ils rentreraient tard. Elle en déduit qu’ils ne devraient pas revenir de si tôt : Il n’était que vingt-deux heures trente. 
 
Stéphanie regardait avec regret cette maison vide, elle s’était imaginé que sa soirée durerait un peu longtemps : Le cinéma avec Cédric c’était bien… mais elle aurait voulu passer plus de temps avec lui. Elle l’avait rencontré deux semaines auparavant lors de la fête qu’elle avait organisée pour ses dix-sept ans : Il lui avait bien tapé dans l’œil, et visiblement cela était réciproque… même si ce soir il n’avait pas insisté pour rester un peu plus avec elle. 
 
 
 
Ne sachant trop quoi faire, elle monta clopin-clopant l’escalier : De toute façon j’en passerai d’autres soirées avec lui… la prochaine fois je lui demanderai d’aller boire un verre… rrahhh ! c’est dommage, pour une fois que je n’avais pas les parents sur le dos ! 
 
Arrivée dans sa chambre, elle repoussa la porte de la main, pendant qu’elle se refermait, elle envoya sa veste sur le dossier de sa chaise, et se laissa tomber sur son lit, allongée sur le dos. Le claquement de porte fit alors place au silence : Elle regardait le plafond, occupée à se remémorer la soirée, à se demander ce qu’elle ferait demain, à penser à ses prochains rendez-vous avec Cédric ou ses copines... sûrement qu’on l’appellerait demain pour passer le dimanche après midi à quelque chose de mieux que de rester enfermé à la maison… Au fait, on l’avait appelée ce soir ? Elle s’assit sur son lit, saisit le bas de son blouson, fouilla dans une des poches et en sortit son téléphone portable. 
 
 
 
Ah oui ! il est éteint. Je l’avais coupé au début de la séance de cinéma… j’ai oublié de le rallumer tout à l’heure. Bah ! c’est pas important, de toute façon personne n’a dû m’appeler ce soir… elles doivent être toutes à s’amuser... elles… et moi qui suis là toute seule... pfff... Ah, si ! J’ai eu des messages sur mon répondeur… hein ? huit ? Ben ça fait beaucoup quand même ! On cherche sûrement à m’appeler depuis tout à l’heure… hé, peut-être que je ne vais pas croupir ici ce soir finalement ! Fébrile à l’idée d’aller retrouver ce soir ses amies, elle appela sans attendre sa boîte vocale. 
 
 
 
« Veuillez composer votre code secret puis tapez dièse. 
 
...  
 
Vous avez... HUIT… nouveaux messages » 
 
Elle avait donc bien eu huit messages, au moins là elle en était sûre, mais qui donc aurait bien pu l’appeler huit fois ce soir ? 
 
« Aujourd’hui à VINGT DEUX… HEURES… VINGT CINQ… MINUTES… 
 
- Quoi ! » s’étonna Stéphanie, stupéfaite. Elle regarda sans attendre sa montre pour s’assurer qu’elle ne se trompait pas sur l’heure : Il était vingt-deux heures trente-quatre. 
 
Bon dieu, huit appels en neuf minutes ! C’est insensé, pourquoi on chercherait autant à me joindre… à moins que… j’espère qu’il n’est rien arrivé de grave… Ce serait terrible si… 
 
Elle fut interrompue dans sa réflexion par le message qui commençait. 
 
 
 
Au début elle se demanda si son téléphone fonctionnait correctement, mais il marchait puisqu’elle venait d’entendre distinctement la voix de la boîte vocale. Le son était étrange, comme un froissement de linge au vent suivit d’un bruit sourd, le son se répétait, régulier… comme le bruit d’une machine à laver, comme un tourne disque arrivé à la fin du quarante cinq tour. Le son paraissait si froid, si répétitif « schrrr frrr chrrr BOUM… schrrr frrr chrrr BOUM… schrrr frrr chrrr BOUM ». Pendant les premières secondes, elle ne trouvait pas de quel son il pouvait s’agir, puis le bruit d’une voiture lui fit comprendre qu’on l’appelait de la rue. Du même coup tout lui parut évident : On l’appelait par erreur ! Le portable devait être dans la poche, le clavier n’était pas verrouillé, et l’appui des touches avait finit par appeler un numéro du répertoire du téléphone… et c’était tombé sur elle. 
 
Amusée, elle se prit à écouter le message : toujours ce bruit mécanique, répétitif, le son des voitures, et aussi celui du vent : C’est vrai qu’il ne faisait pas très beau en ce soir d’octobre, et en sortant du cinéma le vent commençait déjà à souffler. Le son en était ici assez angoissant, comme une longue plainte fantomatique, un « oooooouuuuuuuhhhhhhh » qui lui rappelait les soirs de grand vent pendant lesquels ce dernier émettait sa complainte par le foyer de la cheminée du salon. 
 
 
 
« Fin du message » 
 
Le brusque retour à la voix de la boîte vocale la surprit. Le message s’était coupé d’un coup, sûrement dû à un nouvel appui accidentel sur la touche d’appel. Ce ne fut pas la brutalité du passage qui la surpris, mais plutôt le fait d’entendre cette voix féminine, calme et posée, qui contrastait tellement avec le bruit mécanique de la marche, mêlé à celui des voitures, et du souffle du vent sur le micro du téléphone. Elle ne s’en était pas rendu compte lors de l’écoute du message, mais ce son était au fond assez sinistre. 
 
« Tapez 2 pour effacer, 3 pour réécouter. 
 
... 
 
Effacer ». 
 
 
 
« Aujourd’hui à VINGT DEUX… HEURES… VINGT SEPT… MINUTES… » 
 
Le message était quasi identique au premier : Toujours ce bruit, répétitif, monotone, qui devenait pour elle un peu angoissant, plus pesant que précédemment. 
 
Et puis il va y en avoir encore six comme ça ?... Eh bien... Super ! Mais de qui ça provient ? Qui c’est qui m’appèle à la fin ? Voulant passer au prochain message pour que la boîte vocale lui fournisse le numéro de l’appelant, et ayant assez entendu ce bruit, elle coupa le message sans attendre. 
 
 
 
« Aujourd’hui à VINGT DEUX… HEURES… VINGT HUIT… MINUTES… » 
 
Mais la boîte ne donnait pas de numéro, elle aurait dû formuler normalement un « message provenant du ... ». Elle se rappela que sur les deux premier messages on ne lui avait pas signalé le numéro. Elle en déduit que l’appelant avait sûrement choisi que son numéro soit masqué aux personnes qu’il appelait : Sur le portable de Stéphanie le message « numéro privé » s’affichait quand une personne ayant cette option lui téléphonait. Elle fouilla dans sa mémoire pour trouver qui elle connaissait dans ce cas-là. A peine elle avait commencé à réfléchir que le message débutait, et le son lancinant reprenait. Un peu plus à chaque fois, il intensifiait en elle un certain malaise. 
 
Le son répétitif s’arrêta. Le hululement du vent prenait plus d’importance en l’absence du bruit assommant produit par la marche, elle entendait toujours les voitures passer. La personne était toujours dans la rue et venait de s’arrêter, elle n’entendait plus rien d’autre que le vent et les voitures. Que fait-il ? Ou bien que fait-elle ? pensait Stéphanie. Il est peut être en train de regarder quelque chose ? de s’arrêter pour allumer une cigarette ? ou alors juste pour prendre un peu le temps de flâner ? Tout cela la rendait de plus en plus curieuse… en même temps elle ne se sentait pas très bien, gênée d’entendre une autre personne à son insu, et aussi tout simplement parce que le bruit de la marche à travers le micro du téléphone dans la poche était sinistre ! 
 
Puis le désagréable son de marche reprit et commençait franchement à l’apeurer : « schrrr frrr chrrr BOUM… schrrr frrr chrrr BOUM… ». Elle continuait d’écouter le message, le bruit des voitures semblait diminuer : Est ce qu’il rentrait dans un lotissement ? est ce qu’il allait dans une plus petite rue ? Finalement tracassée par ce côté « voyeur malgré elle », elle coupa le message et passa au suivant. 
 
 
 
« Aujourd’hui à VINGT DEUX… HEURES… TRENTE… MINUTES… » 
 
Le message était toujours le même : toujours ce bruit répétitif et morne. Mais elle n’entendait plus le bruit des voitures, la personne devait sûrement s’être engagée dans une petite rue. Agacée par le son, elle coupa le message. 
 
« Aujourd’hui à VINGT DEUX… HEUR... 
 
BIP BIP... BIP BIP» 
 
Surprise par le son elle mis le téléphone face à elle : Comme le signal sonore l’avait indiqué, elle venait de recevoir un message... La personne continuait à l’appeler par erreur. 
 
 
 
Elle remit le téléphone à son oreille, et fut surprise d’entendre assez distinctement le miaulement d’un chat. Elle n’entendait toujours aucun bruit de voiture, juste le bruit et le vent. Puis, le son se transforma quelque peu, elle percevait comme un écho, la personne était peut-être dans une cour, ou dans une petite ruelle étriquée. Le bruit répétitif se fit de plus en plus lent, puis s’arrêta, c’est alors qu’à sa grande surprise elle entendit des gémissements. Ces derniers étaient plutôt faibles, mais elle en était sûre, elle entendait quelqu’un gémir au loin, c’était une voix féminine, mais elle avait du mal à l’entendre. Encore plus que les pas, ces gémissements la mettaient mal à l’aise. 
 
Le bruit de la marche reprit, mais lentement. Le volume des gémissements augmentait : Il ou elle s’approche d’elle… est ce qu’elle est malade ? pourquoi elle gémit comme ça ? peut-être il ou elle est de sa famille ? Stéphanie s’embrouillait dans toutes ces interrogations… Elle avait peur, de plus en plus peur de ce qu’elle entendait, mais tout cela l’hypnotisait, elle voulait suffisamment savoir ce qui allait se passer pour ne pas raccrocher. 
 
 
 
« Aujourd’hui à VINGT DEUX… HEURES… TRENTE ET UNE… MINUTES… » 
 
Le vent soufflait toujours, les pas avaient cessé, les gémissements continuaient, ils étaient très forts maintenant : Stéphanie en déduit qu’il ou elle devait se tenir devant la femme. Etait-ce sa mère ? peut-être que oui… ou peut être que non, elle ne savait plus très bien. Elle se sentait fébrile et à la fois mal à l’aise d’écouter tout cela à leur insu. 
 
Elle fut vraiment inquiète quand les gémissements firent place à des pleurs : Elle entendait distinctement la femme pleurer, à l’oreille elle aurait dit que la femme devait être assez âgée, dans la cinquantaine peut être. Mais pourquoi se mettait elle à pleurer ? Stéphanie serrait le téléphone à son oreille en tremblant : son bras, son corps frémissait, elle se sentait mal… elle avait peur de ce quelle entendait : Le son du vent, les pleurs, et auparavant le son des pas l’avait fait plonger petit à petit du trouble vers l’effroi. Mais elle ne voulait pas raccrocher, elle voulait savoir, elle voulait entendre la suite. 
 
 
 
« Aujourd’hui à VINGT DEUX… HEURES… TRENTE TROIS… MINUTES… » 
 
Les pleurs redoublaient, elle avait de plus en plus de mal à continuer d’entendre cela. Brusquement un bruit effréné de frottements se fit entendre avec force, ils furent très vite accompagnés de bruits secs et sourds. Ce fut surtout les cris de la femme qui terrorisèrent Stéphanie. Elle hurlait, elle souffrait… le bruit sourd qu’elle entendait maintenant, elle le compris vite, était assurément le bruit des coups qu’il ou elle infligeait à la vieille femme. 
 
Stéphanie était pétrifiée par ce quelle écoutait et ce qu’elle pouvait en conclure. Elle restait assise sur son lit, ne sachant que faire, tout se mélangeait dans sa tête, tout cela était tellement inconcevable : Elle était en train d’entendre, avec une poignée de minutes de retard, quelqu’un battre furieusement une vieille femme. Complètement paniquée, elle coupa le message. 
 
 
 
« Aujourd’hui à VINGT DEUX… HEURES… TRENTE QUATRE… MINUTES… » 
 
Ca n’en finira jamais ! se disait elle en entendant l’annonce du prochain message. Elle faillit éteindre son téléphone, mais elle ne le fit pas… peut-être pouvait-elle en apprendre plus ? peut-être qu’elle pourrait intervenir ? … elle ne pouvait se résoudre à raccrocher, elle ne le pouvait pas… elle ne le voulait pas. 
 
Rien que le début du message la pétrifia de nouveau : les frottements bruissaient toujours autant, les cris de la femme avaient fait place à des gémissements, le son des coups continuait à retentir… Elle entendait l’agresseur émettre de petits geignements, sûrement dus à l’effort monstrueux et infâme qu’il déployait : C’était la voix d’un homme… mais elle entendait encore mal le son. Ce fut progressivement que le sombre nuage de la terreur envahi Stéphanie à mesure que les bruits de la femme s’estompaient, et que les geignements de l’agresseur faisaient place à des mugissements de plus en plus forts… Progressivement elle reconnut avec effroi la voix de Cédric. Elle se rappela avoir eu des appels de lui : son numéro ne s’affichait pas sur son téléphone. Elle s’en souvenait bien car elle s’était dit qu’elle ne pourrait pas savoir quand il l’appellerai avant de décrocher. Son petit ami était donc assurément en train de battre une femme quelque part, peut-être qu’il la battait à mort… il la battait à mort : On entendait plus la voix de la femme, plus que les beuglements de Cédric et le bruit de ses coups sur le corps de la femme. Terrifiée, Stéphanie raccrocha, elle ne voulait plus entendre tous ces messages, tout cela était trop horrible, trop abominable, tout cela n’était pas possible, elle avait dû mal comprendre. 
 
 
 
La sonnerie de son téléphone, pourtant guillerette, la terrifia quand elle se déclencha. Elle était plongée dans ses tourments, ne sachant ni que penser ni que faire. La sonnerie de son téléphone lui fit l’effet d’une décharge électrique à travers le corps. Lentement elle ramena son portable devant ses yeux, sur l’écran, elle n’en était pas surprise, était indiqué « numéro privé ». Elle attendit une sonnerie, puis deux, elle était épouvantée. Puis presque impulsivement elle appuya sur la touche pour décrocher et colla promptement le téléphone à son oreille : Elle n’entendait plus de coups, elle entendait juste un bruit régulier de frottement, c’était tout… Stéphanie pleurait, elle imaginait la pauvre femme à moitié morte, Cédric la traînant par les pieds… Cette image dans sa tête lui était insoutenable, surtout accompagnée de ce sinistre son de frottement. 
 
Soudain, un grand choc se fit entendre, le volume en était si fort qu’il lui fit mal à l’oreille, et ajouté à l’effet de surprise, elle en décolla quelque temps l’appareil. Quand elle le rapprocha de nouveau, le seul son qu’elle entendit était celui du vent, bien plus fort que précédemment. 
 
Subitement elle entendit comme un grondement sourd mêlé de fracas. Puis d’un coup, elle entendit très distinctement de la voix de Cédric : 
 
« Stéphanie ? ». 
 
Prise par surprise, elle ne put réprimer un petit cri d’étonnement. 
 
« Putain Stéphanie ? Bon Dieu, qu’est ce que tu fais en ligne, merde ! MERDE ! MER ». 
 
Complètement abasourdie et terrorisée elle raccrocha aussitôt et éteignit son téléphone. 
 
 
 
Il m’a entendu crier ! mon dieu, il sait que j’ai entendu… A l’aide, pitié ! Qu’est ce que je peux faire ? Il va peut-être venir ici me chercher… me tuer ! Je ne peux pas rester ici, je dois m’en aller tout de suite, peut-être était-il tout près de la maison ? Oh putain, c’est horrible, je… je dois aller à la police… je dois partir d’ici… il faut que je prévienne la police ! 
 
Sur ce, Stéphanie bondit de sur son lit, et se précipita à toute allure hors de la maison. Elle courrait vers le commissariat de la ville, qui n’était qu’à cinq minutes de sa maison. 
 
 
 
Mais elle n’arriva jamais au commissariat. 
 
On l’enterra une semaine plus tard, deux jours après avoir retrouvé son corps, ainsi que ceux de trois mendiantes que Cédric avait battus à mort. 
 
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Ce soir-là, les parents d’Aurélie allaient au théâtre. Ils avaient insisté pour qu’elle vienne avec eux, mais elle avait refusé : L’envie de pouvoir passer une soirée toute seule à l’appartement la tentait trop. Elle avait maintenant douze ans et ses parents n’avaient pas vu d’objection à la laisser seule pour une soirée. 
 
Ils étaient déjà partis depuis une bonne heure, et Aurélie était tranquillement installée sur le canapé, occupée à regarder la télé. Posée sur ses genoux, une assiette qui était bien remplie il y a encore peu de temps était maintenant presque vide. Repue, ayant fini de manger, elle posa l’assiette par terre pour que son chien, Floppy, vienne la lécher. 
 
Les minutes passaient et Aurélie était toujours hypnotisée par la télé, mais son chien ne venait pas. Finalement, préoccupée par son absence, elle l’appela : 
 
« Floppy ?... Floppy ?... Hé mon toutou ! il en reste encore un peu dans l’assiette ! T’en veux pas ? » 
 
Mais Floppy n’arrivait pas. 
 
Alors Aurélie, un peu inquiète, se leva et regarda autour d’elle : Il n’était pas dans le salon. Elle partit voir dans la cuisine, il n’était pas là non plus : 
 
« Floppy ? ... Allez mon p’ti chien ! Tu t’es caché où ? » 
 
Elle sursauta quand le téléphone à côté d’elle sonna. Elle hésita juste un instant, puis décrocha : 
 
« Allo ? 
 
- ... 
 
- Allo ? C’est qui ? 
 
- Ca va Aurélie ?  
 
- Heu… vous êtes qui ? Je ne vous connais pas ? 
 
- Mais moi je te connais ! Je connais encore mieux ton chien d’ailleurs... Au fait, tu le cherches ? Tu sais, tu ne risques pas de le trouver, je me suis occupé de lui, puis je l’ai mis dans une cave du sous-sol de l’immeuble. » 
 
- Quoi !  
 
- Là je suis à côté de lui, et il est un peu mal en point tu sais. 
 
- Vous avez fait du mal à Floppy ? 
 
- Oh, si peu... Mais maintenant Aurélie, c’est à ton tour : je viens te chercher !» 
 
Submergée par l’effroi, elle raccrocha le téléphone. 
 
 
 
Il allait venir ! Il avait pris Floppy !... Ca n’était pas possible ! Ca ne pouvait pas être vrai ! C’était une plaisanterie ! Floppy devait être encore tranquillement quelque part dans l’appartement ! 
 
« Floooppyyyyyy ! Alleeezzzz ! Viens ici s’il te plait ! » 
 
Elle commençait à courir vers la chambre de ses parents quand la sonnerie du téléphone reprit et lui glaça le sang : Il rappelait. 
 
Il n’y avait rien dans la chambre, tout était en ordre, Floppy n’y était pas. 
 
 
 
Et le téléphone, entêté, continuait de sonner. 
 
 
 
Aurélie courut alors vers la salle de bain et ouvrit la porte à toute vitesse espérant voir Floppy à l’intérieur : mais elle était vide. 
 
Apeurée, elle regarda dans la baignoire, craignant de ce qu’elle aurait pu y découvrir, mais il n’y avait rien non plus. 
 
 
 
Et le téléphone, obstinément, continuait de sonner. 
 
 
 
La sonnerie obsédait et stressait de plus en plus Aurélie, elle finit par craquer : Elle couru jusqu’à la cuisine, et nerveusement prit le combiné. 
 
« Ca n’est pas très poli de raccrocher au nez des gens, Aurélie. 
 
- ... 
 
- Tu sais où je suis ? 
 
- Heu… n... heu... n... non. 
 
- Au rez-de-chaussée, je suis sorti de la cave, et je continue de monter ! 
 
- Vous… vous… allez... ! Non, j’… j’ai… j’ai peur ! 
 
- Ah oui ? Tu as peur ? C’est bien ça ! 
 
- ... 
 
- Et tu sais, si tu bouges de chez toi, je redescends et je tue ton chien ! 
 
- Quoi ! ne faites pas de mal à Floppy, il est gentil ! Il fait de mal à personne ! » 
 
Aurélie pleurait, elle tremblait à tel point qu’elle avait du mal à tenir le combiné du téléphone dans sa main. 
 
La voix à l’autre bout du fil reprit : 
 
- Tu sais Aurélie ? 
 
- Nooonnn, arrêêêteeezz, et ne faites pas de mal à Floppy ! 
 
- Je suis au premier étage maintenant ! » 
 
Aurélie fut prise d’une énorme montée de panique : Elle habitait au deuxième étage ! Elle raccrocha le téléphone : Il était tout proche d’arriver. 
 
 
 
Il fallait qu’elle se cache, elle pensa à aller sous le lit, ou encore dans la baignoire, mais elle se dit qu’il la trouverait facilement dans ces endroits-là. 
 
Le téléphone se remit à sonner, le son la fit sursauter. 
 
Aurélie avait douze ans et sa petite taille lui donna soudain une idée : Elle ouvrit la porte des placards sous l’évier, et doucement, elle se glissa dedans en poussant tout au fond les bouteilles de produits ménagés. Elle se recroquevilla, arriva à trouver assez de place pour s’y glisser complètement, puis referma la porte de l’intérieur. 
 
 
 
Et le téléphone continuait de sonner... 
 
Et le téléphone n’arrêtait pas de sonner... 
 
Et la sonnerie continuait, entêtée, obstinée... 
 
Et la sonnerie devenait insupportable ! 
 
 
 
Brusquement, à bout de nerfs, sans réfléchir, elle sortit de sa cachette, et décrocha le combiné. Fauchant ses derniers espoirs d’entendre ses parents au bout du fil, la même voix sinistre reprit : 
 
« Quand même ! Tu as fini par décrocher Aurélie. 
 
- ... 
 
- Tu sais où je suis ? » 
 
Aurélie ne répondit pas, elle était pétrifiée, peut-être était-il juste à côté d’elle, là, dans l’appartement. 
 
« Je suis au troisième étage, et je viens te chercher ! » 
 
La surprise s’empara tout d’abord d’Aurélie : Il ne s’était pas arrêté à son étage ! Il ne s’était pas arrêté au second ! Puis comme un éclair dans sa tête, elle se dit qu’elle avait là une occasion unique pour s’échapper. Sans réfléchir plus longtemps, elle raccrocha le téléphone et se précipita à la porte d’entrée. Doucement et promptement, elle ouvrit la porte et se glissa à l’extérieur : sur le palier il n’y avait personne. Sans prendre plus de temps pour observer les étages, elle descendit l’escalier à toute vitesse. Elle était pieds nus, et l’escalier était froid, mais au moins elle ne faisait pas de bruit. 
 
 
 
Elle descendit en trombe jusqu’au rez-de-chaussée. Là elle s’arrêta net : elle entendait les gémissements d’un chien provenir de la cave, elle en reconnu le son : C’était Floppy, il était là, en bas. Elle aurait voulu sortir de l’immeuble, puis courir sans plus s’arrêter, mais son petit chien était dans une des caves du sous-sol de l’immeuble, peut être blessé, peut être en train de souffrir, peut être en train de mourir. Des larmes coulèrent sur les joues roses d’Aurélie. Torturée par les plaintes de son chien, elle ouvrit la porte de la cave, et descendit. 
 
 
 
Elle entendait son chien gémir, de temps en temps il émettait un petit aboiement timide. En se guidant au son, elle finit par trouver la cave : La porte était ouverte, Floppy gisait sur le sol, couché sur le côté, les pattes avant et arrière attachées. Quand il vit Aurélie, il aboya un peu plus fort. Le voir comme ça la fit pleurer. 
 
« Bouh ! Floppy... Hmmm… hmmm… hmmmph… je vais te détacher mon petit chien… oh ! mon petit chien... » 
 
Elle s’approcha précipitamment vers lui, il aboyait avec force maintenant. Elle s’accroupit à côté de lui, elle commençait à défaire ses liens tout en réfléchissant : Le téléphone sonnait quand il est passé du premier au troisième étage... Mais alors il aurait dû entendre la sonnerie quand il est passé sur le palier ?... Il aurait dû entendre le téléphone sonner ? vu le bruit qu’il fait !... Alors si… si… s’il avait vraiment été dans… l’escalier, pourquoi il... 
 
 
 
 
JE SUIS DERRIERE TOI !  
 
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Laissez-moi vous conter ce soir funèbre où ma vie a basculé, ce soir où j’ai bien cru que j’allais mourir, ce soir où j’ai perdu la raison : c’était un soir de printemps, j’avais alors 14 ans. 
 
A cette époque, ma grand-mère maternelle n’allait pas bien du tout. Elle était à l’hôpital depuis déjà deux ou trois semaines, j’étais allé la voir quelques fois avec mes parents, mais elle ne me paraissait pas vraiment bien aller, et je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’elle ne rentrerait plus chez elle. Et puis aussi ce jour-là il avait fait beau, et je me sentais bien, ainsi, lorsque mes parents m’ont proposé d’aller la voir, avec eux, en cette fin d’après-midi, j’ai refusé. Mon père a alors suggéré d’aller au restaurant pour se détendre après la visite à l’hôpital, l’idée tentait ma mère, mais moi je voulais rester à la maison. Alors sans attendre je leur ai dit que je pouvais bien passer la soirée tout seul. Ils m’ont alors proposé d’inviter des copains si je le voulais, et je ne me suis pas fait prier pour accepter ! C’est ainsi que je me suis retrouvé ce soir-là avec Arnaud et David : deux amis avec qui je passais la majeure partie de mon temps depuis le début du collège. 
 
Nous nous trouvions dans ma chambre à écouter de la musique. Sans explications, Arnaud baissa le volume. David et moi le regardions, intrigués, puis finalement d’un air amusé il nous demanda :  
 
- Dites, ça ne vous dirait pas qu’on se raconte quelques histoires qui font peur, hein ? Ca pourrait être sympa, non ? 
 
J’hésitais quelques peu, surpris par cette proposition. Finalement David accepta, et je le suivis. Alors Arnaud tout en coupant la musique, nous demanda : 
 
- Alors ! qui commence ? 
 
Tout d’abord, aucun de nous ne répondit. Moi j’avais bien une idée d’histoire, mais je n’osais pas trop la raconter... Et mon dieu ! J’aurais vraiment bien fait de me taire ce soir-là, mais je ne l’ai pas fait : En effet, timidement je finis par répondre : 
 
- Heu… moi… à la limite... j’en ai bien une. 
 
- Ah ? 
 
- Ouais mais heu… je sais pas si elle va bien rendre… je… 
 
- Bah allez, te fait pas prier, vas-y ! 
 
Et je l’ai fait, malheureusement, je l’ai fait : Je me suis assis en tailleur sur le lit, et pendant que d’un air grave je fixais alternativement Arnaud et David, ils se sont assis autour de moi, au bord du matelas. J’ai laissé passer quelques secondes afin de rendre l’atmosphère encore un peu plus lourde, puis j’ai entamé mon récit : 
 
« C’est une histoire assez terrible dont j’ai entendu parler une fois. Cela se passait il y a quelques années : Un père de famille rentrait chez lui après le travail, il trouva sa maison en train de brûler. Il habitait à la campagne, et il n’y avait pas de voisins pour alerter les pompiers. Il pensa tout de suite à son fils de sept ans qui était peut-être dans la maison, il se précipita alors à l’intérieur, cria pour l’appeler, et… il eut une réponse ! Son fils était bloqué dans sa chambre, le père couru jusqu’à la porte, essaya de l’ouvrir, mais elle restait bloquée : Dans la chambre, une poutre tombée du plafond l’empêchait de s’ouvrir. Il cogna, et cogna encore de toutes ses forces contre la porte, il se ruait contre elle, son fils hurlait, il appelait à l’aide, et lui, il paniquait : la porte ne s’ouvrait pas. Il se rua encore contre elle, il hurlait de rage, pleurait de désespoir, il ne réfléchissait plus, il n’y avait plus que cette porte, et son fils qui hurlait de l’autre côté. Il a appelé à l’aide jusqu’à la fin : Son fils à brûlé dans la maison, et le père aussi. Il n’a jamais réussi à ouvrir la porte, et il est resté à se ruer contre elle jusqu’à sa mort. » 
 
Arnaud me regarda l’air dégoûté, et me dit : 
 
- Ben dit donc, c’est glauque ! 
 
- C’est pas joyeux en effet, répondit David avant que je ne réagisse. Il avait aussi l’air assez choqué par l’histoire.  
 
C’est alors que, emporté par ce succès, j’ai raconté la suite. J’ai été stupide, elle me faisait aussi peur qu’à eux cette histoire, surtout la suite… et j’ai vraiment été idiot d’avoir continué, je n’aurais jamais dû, jamais. 
 
« Oui, mais vous ne connaissez pas la suite... Parce que depuis lors, le fantôme du père cherche toujours à ouvrir la porte et à sauver son fils. Et si tu dis… heu… je ne préfère pas le dire vraiment... Mais en gros si tu appeles à l’aide en criant « papa », que tu dis que tout brûle, et que tu lui demandes de venir te chercher, cela attire le fantôme, et il arrive derrière ta porte pour te prendre » 
 
David, pensif, me regarda l’air intrigué, et calmement me dit : 
 
- Purée ça fout les boules, c’est sûr... Mais bon toi, tu as déjà essayé de l’appeler ? 
 
- Non... ça me fait assez peur comme ça ! Je n’ai pas envie d’aller vérifier. » 
 
Arnaud, une lueur d’excitation dans le regard, observa David, puis moi, et finalement nous demanda : 
 
- Hé ! ça vous dirait d’essayer ? 
 
Je me crispai, comprenant que je n’avais pas du tout envie d’essayer une chose pareille, je regrettai déjà d’en avoir parlé. Mais David, lui, semblait y réfléchir, et au bout de quelques secondes il finit par lever la tête et dire « ouais ! Pourquoi pas ! ». 
 
J’allais leur dire que je ne souhaitais pas du tout faire une telle chose, mais Arnaud n’attendit pas que je manifeste mon opinion : Sans me porter le moindre regard, il commença à parler d’une voix aiguë et chevrotante, cherchant à imiter celle d’un petit garçon : 
 
- Papa ! ppaaappppaa, à l’aaaaiiiiiide, tooouuut brrrûûûûle autour de moi, j’ai peeeeeuuurrr ! 
 
Il souriait, mais moi pas du tout : j’étais vraiment terrifié. Mais lui il souriait, et David le regardait avec amusement, sans rien dire. Et il reprit encore de plus belle, sa voix était maintenant plus forte, il criait presque : 
 
- JJEEEEEE BRRRRRUUUUUUULLLE, PPPPAAAAPPPPPAAAAAA, JEEEE BRRRUUUULLLLEEE, AAAAAAAAHHHHHHHH ! 
 
- ARRETE MAINTENANT ARNAUD ! C’EST PAS DROLE. 
 
C’était sorti comme ça, je le fusillais du regard, je me sentais énervé, mais j’étais surtout terrorisé, j’avais vraiment peur, et je ne voulais pas en entendre plus. 
 
- Ben... quoi ? T’as peur ? Oh, allez c’est pas grand-chose, non ? C’est une histoire ! c’est tout ! Allez...  
 
Et toujours ce stupide sourire aux lèvres il reprit : 
 
- PAAAAAPPAAAAAA JEEEE T’EEEEENNN SSSUUUUPPPPLLLLLIIEEE, PAPAAAAAA, IL Y A LE FFEEEUU PAAARRRRTTT... 
 
- TU ! ... ARRETES ! ... MAINTENANT ! ... COMPRIS ? » 
 
Là il s’était tu, il n’y avait plus un bruit dans la chambre, Arnaud me regardait, l’air étonné, sûrement qu’il avait été surpris par l’agressivité et la colère que je venais de déployer pour lui crier de s’arrêter : J’en étais d’ailleurs essoufflé, et je le fixais du regard le plus réprobateur et colérique que je pouvais. 
 
On ne parlait plus, Arnaud et moi restions là, immobiles, à se fixer mutuellement. Finalement, David, tout timidement, finit par dire : 
 
- Bon, allez les gars, on ne va pas se disputer pour ça, hein les... 
 
 
 
« BOUM ! ... BOUM ! ... BOUM ! ... » 
 
 
 
Nous avons sursauté tous les trois, une décharge d’adrénaline m’a envahi. Je me suis braqué ainsi que mes deux amis vers la source du bruit : vers la porte de ma chambre. Le bruit continuait, impassible et terrifiant :  
 
 
 
« ... BOUM ! ... BOUM ! ... BOUM ! ... » 
 
 
 
- C’est quoi ce boucan ! s’écria Arnaud dont la voix couvrait à peine le bruit de coups de plus en plus fort qui provenait de la porte. 
 
- Si c’est une blague, c’est vraiment pas drôle, rétorqua David qui se tenait maintenant debout, plaqué contre le mur opposé à la porte. Il semblait mort de peur, il fallait dire que moi aussi je l’étais. 
 
Et puis là, en prime des coups contre la porte, ont commencé les cris, ces horribles cris qui malheureusement resteront je crois bien à jamais gravés dans ma mémoire. Je peux les entendre encore aujourd’hui alors que je vous parle : Cela ressemblait à un monstrueux mélange entre le brame d’un cerf et le cri d’un éléphant, même si cette description ne me semble pas si proche de la réalité, je ne trouve pas trop de comparatifs pour l’exprimer. Ce cri était en tout cas inhumain, aigu et profond, d’une tristesse infinie et d’une agressivité sans nom... Et les coups contre la porte, et ce cri horrible, continuaient, sans relâche… sans la moindre trêve. J’étais terrorisé, je m’étais rabattu vers les oreillers du lit, et je les serrais d’ailleurs très fort. Arnaud lui, plus valeureux, même s’il n’avait pas l’air très fier, avait saisi ma chaise de bureau, et la brandissait, prêt à frapper ce qui pourrait entrer dans la chambre. 
 
Mais ce fut David qui paniqua le plus, les cris immondes avaient dû finir de ronger les dernières subsistances du courage qui l’empêchait de s’écrouler : Il était maintenant assis contre le mur, recroquevillé sur lui-même, son visage était tout rouge, il pleurait, il gémissait, mais entre ses larmes il finit par parler un peu : 
 
- ooohhhhh noooonnn, c’est quoi ce truc, j’ai peeeuuur, à l’aide, à l’aaaiiiide. 
 
Immédiatement, comme pour répondre aux geignements de David, le cri se fit encore plus fort, encore plus déchirant, encore plus terrifiant. Cette fois-ci les coups redoublèrent contre la porte, elle était parcourue de soubresaut, mais bizarrement ou plutôt monstrueusement, elle restait fermée, et ne se brisait pas. 
 
Puis la panique finit d’envahir David, il se leva, ouvrit la fenêtre, et tout en pleurant nous dit : 
 
- J’veux pas rester là moi, j’préfère tenter ma chance par dehors. 
 
- Non, fais pas... 
 
Mais j’eus à peine le temps de réagir, qu’il était déjà en train de se laisser glisser par l’encadrement de la fenêtre. Et le temps de me lever du lit pour aller le retenir, je l’entendais déjà glisser sur les ardoises du toit… puis, je ne l’entendis plus. Son silence m’a semblé durer très longtemps, et ce fut son cri, déchirant, qui me renvoya à la réalité : 
 
« AAAAAHHHH, J’AI MMAAAAALLL ! JE SUIS TTTTOOOOMMMBBEEEEE ! MMMOOONNNN DDDDOOOOSSSS, AAAAAHHHH J’AI MMAAAAAALLLL ! » 
 
Et là l’horreur fut totale : A travers l’encadrement de la fenêtre, je regardais David, qui hurlait, gisant sur la terrasse du jardin, en bas. Et les cris émis par ce qui était derrière la porte devinrent complètement fous et assourdissants. Les coups portés devenaient plus fréquents, à un rythme monstrueux, insoutenable : Je devenais fou, tout cela était un cauchemar implacable, terrifiant, et les cris de David qui agonisait en bas ne faisaient qu’ajouter à l’horreur de la situation. Surtout que ni Arnaud ni moi ne pouvions sortir de la chambre pour lui venir en aide.  
 
Et l’odeur ! Je ne m’en étais pas rendu compte au début, mais maintenant l’air de la chambre en devenait suffocant tellement la puanteur était atroce. Une odeur de viande pourrie, mêlée à celle de cochon brûlé : et mon dieu c’était insoutenable, abominable. Je me suis détourné de la fenêtre : je vis Arnaud qui restait immobile, debout, sa chaise dans les mains, les yeux écarquillés, il avait l’air ailleurs. Je me demandais comment il faisait pour rester en plein milieu de la pièce, alors qu’elle baignait dans cette puanteur. C’est alors que sans bouger plus que la main, il finit par lâcher sa chaise, puis un soubresaut le parcouru, il se courba en deux, et vomis abondement sur la moquette. La vision que j’avais devant moi d’Arnaud vomissant, le son que cela produisit, ainsi que l’odeur qui se mêlait à celle immonde de viande pourrie et brûlée, en était trop pour moi aussi, et je vomis à mon tour. 
 
Je me sentais fatigué, je m’appuyai dos au mur, David continuait d’hurler au dehors, et les coups sur la porte n’arrêtaient plus, ils avaient encore redoublé. J’eus alors l’idée que les cris de David au dehors pouvaient stimuler la source de tout cela, et sans réfléchir d’avantage, je me retournai vers la fenêtre et la refermai avec empressement. J’eus du mal à expliquer à Arnaud pourquoi j’avais fermé la fenêtre, pourquoi on allait pas aider David. Mais il fallait arrêter de faire du bruit, des geignements, des plaintes qui pouvaient attirer ce qu’il y avait derrière la porte. Il fallait attendre qu’il s’en aille, avant de descendre au rez-de-chaussée appeler quelqu’un au téléphone pour venir en aide à David. Arnaud finit par comprendre, et nous nous sommes calmement assis, terrifiés malgré tout par cette ambiance cataclysmique de coups ininterrompus contre la porte, par ce cri immonde qui nous perçait les tympans, et par cette odeur insoutenable qui se mélangeait maintenant à l’odeur de nos vomissures. 
 
Et nous avons attendu que tout cela s’arrête, nous étions assis en tailleur, à même le sol, sans bouger, pales et terrifiés. Progressivement les cris se sont calmés, l’odeur s’est atténuée, et les coups contre la porte ont baissé en fréquence et en intensité… jusqu’à ce que le silence revienne enfin, et que nous pouvions de nouveau entendre, étouffés à travers la fenêtre fermée, les cris de douleur de David qui gisait toujours au dehors. 
 
Arnaud me regarda alors, et à voix basse me demanda : 
 
- A ton avis maintenant, qu’est ce qu’on fait ? 
 
Je réfléchis un peu avant de répondre, puis dit : 
 
- Il faudrait téléphoner aux pompiers, ou je sais pas… à une ambulance ! Pour venir en aide à David. 
 
- Il est où le téleph... 
 
- Le téléphone est en bas. 
 
- Tu penses que c’est parti ? 
 
- Ben… on ne l’entend plus... 
 
- C’est vrai... 
 
- Va falloir descendre… en bas... Heu… j’ai pas trop envie… de… de… sortir. Je… 
 
- Bon, je vais y aller... De toute façon, il est plus là, hein ? 
 
- Heu… t’es sûr ? 
 
- Mais oui. 
 
Arnaud se leva alors lentement. D’un pas hésitant, il s’avança jusqu’à la porte. Saisis doucement la poignée, et poussa légèrement la porte qui s’entrebâilla sur le couloir. L’air amusé il se retourna vers moi, et dit à haute voix: 
 
- C’est dingue, la porte était ouverte, il est con ce fan... 
 
Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase que comme un éclair, une main surgit de l’encadrement de la porte entrebâillée, se rallongea d’une manière monstrueuse et vint agripper Arnaud à la taille : Celui-ci restait pétrifié, sans même crier, les yeux écarquillés. A première vue, la main, et le bras m’avaient semblé de couleur noire, mais à cause des petites brillances, de ces sortes d’écailles que je discernais dessus, j’eus l’horreur de deviner que toute la peau de ce « bras » qui s’enroulait maintenant autour de la taille d’Arnaud était entièrement brûlée. D’ailleurs l’odeur de porc brûlé et de viande pourrie revint m’assaillir les narines. 
 
Je n’eus que le temps de me lever avant de voir Arnaud disparaître sous mes yeux, emporté dans le couloir à une vitesse impossible, puis la porte se referma dans un claquement assourdissant. Je courus jusqu’à la porte, mais je ne voulus pas y toucher, je ne voulais pas l’ouvrir. Je criai alors le nom d’Arnaud, j’ai bien dû rester là pendant une éternité à crier son nom, mais rien, aucune réponse. 
 
Et je n’avais pas osé ouvrir la porte : j’avais peur que cela soit encore derrière. Toujours comme aujourd’hui d’ailleurs : En effet, même maintenant j’ai encore la peur d’ouvrir une porte, mes parents m’ont amené chez le psychiatre après ce soir-là, mais je ne lui ai jamais rien dit, ni à personne d’ailleurs, pas même à mes parents. De toute façon, ils ne me croiraient pas. 
 
Personne ne revit jamais Arnaud, on m’a demandé si je l’avais vu ce soir-là, mais j’ai dit que non, et David en fit de même... : Lui, il passa un mois à l’hôpital, il s’était cassé le coccyx en tombant du toit... Et aussi bien lui que moi sommes maintenant toujours terrifiés quand nous nous retrouvons face à une porte fermée : Nous avons toujours peur qu’un jour cela vienne nous chercher à notre tour, nous n’osons plus ouvrir la moindre porte de peur qu’il soit de l’autre côté. Oui, nous avons et aurons maintenant toujours peur de ce qu’il peut y avoir... y avoir derrière la porte. 
 
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Modifié en dernier lieu le 26.06.2005
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